Suppressions d'emplois dans l'industrie de la sous-traitance automobile et rôle du syndicat IG Metall
Depuis des mois, il ne se passe pas une semaine sans que l’industrie de la sous-traitance automobile n’annonce des centaines de licenciements et la fermeture d’usines entières. Les régions structurellement faibles sont souvent touchées, où il est presque impossible de trouver un nouvel emploi.
Voici quelques-uns des cas les plus récents :
Continentalfermera son usine de Gifhorn (Basse-Saxe) d’ici fin 2027. La fermeture concernera 900 travailleurs.
ZF Friedrichshafen ferme son usine d'amortisseurs à Eitorf (Rhénanie du Nord-Westphalie) qui emploie 700 salariés, et l'usine de transmission de Brandebourg, qui emploie 1 500 personnes, est gravement menacée. Des emplois sont également menacés sur les sites ZF de la Sarre, de Basse-Saxe et de Bavière.
Schaeffler supprime 100 des 500 emplois dans son usine de composants pour moteurs à combustion à Ingolstadt, en Bavière. Schaeffler prévoit de supprimer 1 300 des quelque 80 000 emplois dans le monde au cours des prochains mois.
Marellifermera en mars 2024 son usine de Brotterode, en Thuringe, où 900 salariés fabriquent des phares pour voitures.
Fehrerferme d'ici fin 2024 ses deux usines du nord de la Bavière, à Großlangheim et Wiesentheid, qui emploient ensemble 370 personnes et produisent des composants et des habillages pour l'intérieur des véhicules.
Otto Fuchsprévoit de supprimer 500 à 600 des près de 3 000 emplois dans sa division automobile du Sauerland (NRW).
Magnasouhaite fermer progressivement sa production de rétroviseurs à Dorfprozelten, en Bavière : pour l'instant, 250 des 450 salariés continueront à être employés jusqu'en 2027. Le groupe avait déjà fermé son usine de Bad Windsheim (également en Bavière) à la fin de 2022.
Léar vend sa division éclairage et audio et prévoit de supprimer 380 emplois à Kronach, dans le nord de la Bavière. Dans le Bade-Wurtemberg, à Brême et à Eisenach en Thuringe, des centaines d'autres travailleurs qui fabriquent des sièges d'auto craignent pour leur emploi. L'usine Lear de Ginsheim-Gustavsburg, dans la Hesse, où 250 ouvriers produisaient des sièges auto pour Opel-Rüsselsheim, est déjà fermée.
Les autres fournisseurs automobiles qui prévoient de supprimer des emplois dans les mois à venir sontÉcurieà Coblence etJoyson,RappeletWaldaschaffdans la région du Haut-Main en Bavière.
Cette vague de licenciements dure depuis longtemps. Entre 2018 et 2022, le nombre d’employés dans l’industrie allemande des équipements automobiles est passé de 311 000 à 274 000, soit une perte de 37 000 emplois.
Dans de nombreux cas, les personnes concernées se sont battues pour conserver leur emploi. Par exemple, à Karben, en Hesse, où Continental a fermé il y a deux ans une usine comptant plus d'un millier d'emplois, ou chez Marelli à Brotterode, où ils ont menacé de faire une grève illimitée. Mais les travailleurs ont toujours été confrontés non seulement à des dirigeants impitoyables, mais aussi au syndicat IG Metall et aux dirigeants de l'entreprise.
IG Metall (IGM) dispose d’un pouvoir énorme dans le secteur automobile et des sous-traitants. Beaucoup de ses 2,17 millions de membres travaillent dans ce secteur. Les responsables d'IGM et les représentants des comités d'entreprise siègent aux conseils de surveillance de toutes les grandes entreprises automobiles et de sous-traitants et entretiennent un réseau étroit dans toute l'Allemagne et à l'étranger. Ils utilisent ce pouvoir non pas pour défendre les emplois, mais pour saboter leur défense.
En cas de troubles sur le terrain, ils organisent occasionnellement des manifestations et menacent même de « se battre » pour ne pas perdre le contrôle de la résistance. Mais les paroles ne sont jamais suivies d’actes. Ils isolent la contestation, refusent de mobiliser des soutiens dans d’autres usines du groupe ou de l’industrie, et finissent par brader les emplois en échange d’une « convention collective sociale » ou de la promesse de retarder la fermeture de quelques mois.
Sans comprendre ce rôle d’IG Metall, pas un seul emploi ne peut être défendu. La lutte contre les réductions de salaires, sociales et d’emplois nécessite une rupture avec les appareils syndicaux et la construction de comités d’action indépendants de la base. Dans ce contexte, il convient de s’intéresser de plus près à l’industrie automobile et à ses fournisseurs. Nulle part ailleurs la faillite du « partenariat social » tant vanté en Allemagne et la transformation des syndicats en co-dirigeants d’entreprises et en forces de police industrielles ne sont aussi évidentes.